Les flashbacks font partie des techniques narratives fréquemment utilisées car ils présentent des avantages non négligeables. Ils permettent de sortir de la temporalité de son histoire sans avoir à restructurer cette dernière. Ils permettent aussi de donner plus de profondeur à nos personnages, d’éclairer certains pans de l’histoire, de créer des effets de surprise par les révélations qu’ils contiennent, entre autres.
Il peut donc être tentant d’utiliser beaucoup des flashbacks, ce qui n’est pas sans poser quelques problèmes. Quelques points de vigilance
- La gestion des temporalités de votre histoire
Lorsque vous choisissez le temps de la narration de votre histoire, il s’agit bien de ne pas multiplier les lignes temporelles, sauf si cela fait sens avec ce que vous racontez. Si, par exemple, vous racontez l’histoire d’un personnage qui cherche à se remémorer des pans de son passé, à reconstruire sa mémoire (voir le film Valse avec Bachir), vous allez forcément naviguer entre le passé et le présent. Cela fera partie de la construction même de votre histoire. Si ce n’est pas le cas, restez le plus possible dans le temps initial de la narration sous peine de générer de la confusion et de sortir éventuellement le lecteur de votre histoire.
- L’utilisation excessive des flashbacks
Si vous réalisez que pour raconter votre histoire, vous devez constamment utiliser des flashbacks, cela veut peut-être dire que vous ne racontez pas la « bonne histoire ». Imaginons que vous racontez l’histoire d’une femme qui a la trentaine et qui passe l’essentiel de son temps, dans votre roman, à se souvenir de ses années lycée. Dans ce cas précis, peut-être que l’histoire que vous souhaitez réellement raconter est l’histoire de cette femme pendant ses années lycée. Essayez de voir si vous ne pourriez pas bâtir une histoire entière là-dessus et surtout, si cette histoire-là vous motive plus que la première version.
- L’insertion des flashbacks
Parfois, il s’agit de trouver le bon moment pour insérer ses flashbacks. N’oubliez pas que le flashback doit toujours être nécessaire dans la structure de votre histoire. Si, par exemple, vous racontez une histoire dans laquelle un personnage ne comprend pas pourquoi un autre personnage à une phobie de l’avion, vous pouvez très bien insérer un moment qui « explique » d’où vient cette phobie. Ce n’est pas indispensable, mais si c’est ce que vous souhaitez faire, insérez ce flashback au moment où le personnage phobique, poussé dans ses retranchements par l’autre personnage, devra expliquer sa phobie et racontera ce moment du passé. Le flashback sera une révélation qui sera montrée après que l’on ait vu tous les comportements phobiques du personnage.
- Le contenu des flashbacks
Comme je l’ai développé plus haut, les flashbacks sont souvent des moments qui contiennent des révélations sur un personnage ou sur le fonctionnement réel d’un univers. Cela suppose que vous ayez jusque-là présenté certaines facettes de votre univers, facettes qui seront démenties par le flashback en question. J’ai parlé des flashbacks dans ma vidéo sur la série le jeu de la dame (Le jeu de la dame, de la singularité à l’universalité). Dans cette mini-série, les flashbacks précisent, petit à petit, la véritable signification de « l’accident » qui a coûté la vie à la mère biologique de l’héroïne, Beth Harmon. Dans ce cas précis, la multiplication des flashbacks fait sens car elle permet de dévoiler/ révéler la véritable personnalité de cette mère et le poids de ce traumatisme dans la trajectoire de Beth.
Utilisez les flashbacks avec parcimonie et veillez à ce que leurs contenus soient nécessaires à la structure et au propos de votre histoire.
© Johanna Sebrien, 2021.