Les maisons d’édition à compte d’auteur existent depuis toujours mais leur multiplication est, je crois, assez récente (quelques années). Avec le succès d’Amazon KDP, beaucoup d’acteurs ont voulu exploiter le filon de l’autoédition et elles y sont parvenues.
Qu’est-ce qu’une maison d’édition à compte d’auteur ? C’est une entreprise qui propose un ensemble de services aux auteurs et ce, afin « d’éditer » leur livre. Contrairement à une maison à compte d’éditeur, la maison à compte d’auteur sollicite la participation financière de l’auteur concerné. Autrement dit, elle le prend pour un pigeon. Aucune maison d’édition sérieuse ne demandera jamais à un auteur de financer la publication de ses livres, c’est un principe de base.
Ces maisons d’édition à compte d’auteur sont aujourd’hui très visibles. Elles apparaissent souvent dans les premiers résultats de recherche de Google et pour cause, il s’agit d’annonces sponsorisées (financées par ces maisons). La plupart du temps, elles font tout pour se faire passer pour de véritables maisons d’édition, c’est-à-dire, des maisons à compte d’éditeur car elles savent pertinemment que les auteurs qui souhaitent faire publier leurs livres préfèrent les maisons à compte d’éditeur.
J’avoue que je n’avais pas pris conscience de l’ampleur du phénomène jusqu’à ce que je m’inscrive dans des groupes Facebook dédiés à l’écriture. J’ai pu constater que beaucoup d’écrivains en herbe s’étaient fait avoir (ils racontent souvent leur expérience avec amertume) et j’ai surtout constaté qu’ils ne parvenaient pas toujours à faire la différence entre une maison à compte d’éditeur et une maison à compte d’auteur, ce qui générait beaucoup de confusion dans leur esprit.
Une maison d’édition à compte d’éditeur assume le risque éditorial et réalise un véritable travail de publication. Elle joue un rôle de conseil éditorial auprès de l’auteur en lui faisant des retours sur son texte, elle produit l’objet livre en faisant intervenir des maquettistes, graphistes, correcteurs, relecteurs. Elle assure ensuite la commercialisation du livre via son diffuseur et sa promotion (mobilisation d’un.e attaché.e de presse qui sollicitera les journalistes, les institutions, etc, rédaction de communiqués de presse, envoi d’un service de presse, autrement dit, d’exemplaires gratuits, aux personnes susceptibles d’en parler).
Une maison d’édition à compte d’auteur ne fait pas tout cela. Elle fait semblant de mobiliser des personnes pour réaliser l’objet livre, elle fait semblant de faire votre promotion alors qu’elle se contente en réalité de référencer votre livre sur ses plateformes. C’est de cette façon qu’elle parvient à attirer les auteurs qui, voyant leur livre référencé sur plusieurs sites, pensent qu’il s’agit d’une promotion alors qu’il s’agit d’un référencement, autrement dit, de la production d’une fiche descriptive qui sera diffusée un peu partout mais qui ne veut pas dire que vous vendrez des livres. Et pour cause, ces livres sont totalement noyés dans la masse.
La maison d’édition à compte d’auteur propose des services de maquettiste ou de graphiste mais ils sont payants. Elle ne vous fait aucun retour sur votre manuscrit mais en revanche, elle vous demandera entre 2000€ et 3000€ pour « éditer » votre livre.
Sachez que si vous autoéditez votre livre, le référencement de ce dernier ne vous coûtera rien (sur dilicom, par exemple). Tout ce que propose la maison d’édition à compte d’auteur peut être fait par un auteur qui souhaite s’autoéditer et pour beaucoup moins cher : inscription sur dilicom, démarchage d’un imprimeur pour produire un livre papier, appel à un graphiste pour réaliser la couverture, etc.
Les maisons d’édition à compte d’auteur sont donc une arnaque qui exploitent les frustrations des auteurs refusés. Ne tombez pas dans ce piège. Si votre livre a été refusé, ce n’est pas forcément parce qu’il est mauvais. Les raisons peuvent être multiples, j’en parle dans de nombreuses vidéos ou articles (sur ce site ou sur ma chaîne youtube « Johanna conseil éditorial »).
N’alimentez pas ce business dont les méthodes peuvent être douteuses, voire totalement inadmissibles comme le démontre Christelle Lebailly dans cette vidéo : j’ai envoyé mon manuscrit à des maisons d’édition à compte d’auteur.
Développez vos compétences d’écrivain et visez haut (les maisons d’édition à compte d’éditeur). Avec beaucoup de travail, vous finirez par être édité dans une vraie maison d’édition.
© Johanna Sebrien, 2021.