Lorsqu’on veut écrire dans de bonnes conditions, il faut savoir aménager un espace de travail adéquat.
Dans l’idéal, cet espace de travail serait un bureau séparé des autres pièces de votre appartement ou de votre maison. Mais tout le monde n’a pas forcément un lieu à réserver à l’écriture.
Ce qui est important, c’est de trouver un endroit où vous serez seul pour écrire pendant un laps de temps donné. Cela peut être le canapé de votre salon, la table de votre cuisine ou votre chambre. A vous de voir.
A mon sens, la solitude est nécessaire. Pourquoi ? Parce que le monde extérieur et la présence des autres ne favorisent pas l’écriture. Vous serez sollicité malgré vous par le bruit d’une machine à laver dont le programme est terminé ou par un conjoint qui vous demandera où sont les clefs de votre appartement…
Peut-être certains d’entre vous penseront à Jane Austen, capable d’écrire sur n’importe quel coin de table, en présence des autres, ou plus récemment à JK Rowling qui allait dans un café pour écrire Harry Potter. Si vous arrivez à vous mettre dans votre bulle lorsque vous écrivez et si vous avez besoin d’une certaine agitation autour de vous, tant mieux et profitez-en car cela veut dire que vous êtes capable d’écrire n’importe où.
Pour ma part, si je veux creuser et aller au fond de moi, j’ai besoin d’être seule et de savoir que potentiellement, personne n’interrompra le flux de mes pensées.
Dans son livre On writing, Stephen King parle de la nécessité, à un moment donné, de fermer votre porte (« Shut the door »). Il s’agit à la fois d’une porte physique et d’une porte mentale. Si vous vous laissez envahir par les pensées de ce qu’il vous reste à faire d’ici la fin de la journée, vous ne serez pas concentré sur votre texte. C’est pour cela, à mon sens, que le processus d’écriture est une forme de méditation car il requiert une grande concentration et un certain lâcher prise.
Rester focalisé sur ce qu’on fait devient une épreuve en soi dans un monde hyper-connecté. En la matière, j’aurais tendance à penser que le téléphone portable est aujourd’hui le pire ennemi de l’écrivain.
Pendant la rédaction de cet article, j’ai dû regarder mon téléphone au moins cinq fois. Pourtant, je fais partie de la génération qui a grandi sans téléphone et je n’avais aucune difficulté de concentration quand j’étais petite. Je suis devenue une addict du portable au fil du temps, bien malgré moi. Mais quand j’écris un roman, je coupe systématiquement mon téléphone (que je mets en silencieux) et je l’éloigne physiquement de mon bureau (voire, je le mets dans une autre pièce pour ne pas être tentée). Je ne m’autorise à le regarder que lorsque je fais une pause.
Une fois que vous avez délimité votre espace de travail, essayez de le rendre le plus accueillant possible. Si vous croyez au pouvoir des objets sur votre bien-être, mettez-les près de vous. Entourez-vous de ce que vous aimez.
Soignez aussi l’éclairage de la pièce. Ne vous éclairez pas seulement à la lumière de votre ordinateur portable. Si vous voulez encore écrire dans cinquante ans, préservez vos yeux. Comme me l’avait demandé un jour mon opticien : « Combien avez-vous d’yeux ? ». Deux. « Alors prenez-en soin ».
Equipez-vous d’un ordinateur dont l’écran est suffisamment grand, de manière à préserver votre confort visuel. Faites attention à l’orientation de votre clavier pour ne pas contracter de tendinite. Si vous préférez les souris verticales, achetez-en une.
Si vous écrivez à la main, choisissez du papier que vous aimez. Préférez les stylos fluides pour ne pas avoir à forcer sur votre poignet.
Faites aussi attention à votre posture. On se recroqueville très vite devant un ordinateur. Aménagez une bonne assise.
Prévoyez un espace de rangement pour vos écrits. Cela peut être une boîte à chaussures, un coffre-fort, à vous de voir.
Quitte à enfoncer des portes ouvertes, ne négligez pas ces aspects qui revêtent toute leur importance quand on écrit pendant des années.
L’essentiel est de bâtir un espace à soi, au fil du temps, un espace dans lequel vous vous sentirez bien et surtout, libre d’écrire ce que vous voudrez.
© Johanna Sebrien, 2020