Comment gérer son statut d’écrivain (même quand on n’est pas publié.e)?

Tous ceux qui écrivent régulièrement et qui tentent de devenir des auteur.e.s à plein temps le savent : l’exercice de cette activité n’est pas une sinécure.

Cela commence en général très tôt, avant même d’avoir entamé une démarche éditoriale sérieuse. Des parents inquiets de l’avenir de leurs enfants les orienteront volontiers vers des métiers « sûrs » qui leur rapporteront de quoi payer leurs factures. Cela se comprend puisque le métier d’écrivain est peu rémunérateur (sauf best-seller) et très aléatoire : qui peut prévoir s’il sera publié ou pas ? S’il connaîtra le succès éditorial ?

En général, on ne peut pas vivre de sa plume tout de suite. Cela prend des années, dans la majorité des cas. Pendant ce temps, vous prenez des jobs alimentaires et là, ce sont vos collègues qui vous donneront volontiers leur avis sur votre ambition d’écrivain.

Le fait d’écrire intrigue la plupart des gens et suscite toujours des réactions variées, de l’admiration à la jalousie, de la frustration à l’envie de vous faire part de leurs projets d’écriture, de leur envie viscérale d’écrire, du fait qu’ils n’ont, pourtant, jamais pris le temps d’écrire quelque chose.

Dans ma vidéo qui vous aide à gérer l’attente et les réponses des maisons d’édition, je vous explique qu’il faut vous habituer à cette idée que lorsque vous enverrez votre manuscrit à des maisons d’édition, vous recevrez des réponses types. Ici, je vous dirais qu’il faudra vous habituer à cette idée que vous allez susciter des réactions de toutes sortes lorsque vous direz aux autres que vous écrivez et que vous comptez bien mener à terme vos projets d’écriture.

Certains vous prendront en pitié car ils estimeront que vous êtes un écrivain raté puisque vous n’êtes pas aussi connu que Guillaume Musso ou que Marc Levy. D’autres seront fascinés par ce choix de vie et vous demanderont des conseils pour tenter de faire la même chose que vous. Des gens vous jalouseront alors que vous n’aurez pas vendu beaucoup de livres tandis que d’autres seront totalement indifférents à ce que vous faites.

Ce que j’ai pu constater, c’est que plus quelqu’un refoule ses aspirations artistiques, plus ses réactions sont vives lorsque vous lui parlez de vos propres aspirations.

Lorsqu’on débute dans l’écriture, beaucoup de défis nous attendent, parmi lesquels, celui d’apprendre à écrire et trouver son style. L’autre défi, c’est d’assumer son statut d’écrivain, même si on n’est pas publié. Je vous conseille vivement de ne plus dire des phrases comme : « oui, j’écris, mais bon, je fais ça comme ça, pour le plaisir, le week-end », « oui, j’ai écris un roman mais il n’est pas du tout abouti et de toute façon, je n’envisage pas la publication », « oui, j’ai envie d’être publié mais on verra plus tard. »

Si vous écrivez, vous écrivez. N’ayez pas honte de vouloir devenir un écrivain et être publié (un réflexe très français, je crois…). Mettez-vous dès maintenant dans la peau de quelqu’un qui le sera. Ayez de l’ambition. Assumez le fait de vouloir vivre de l’écriture. Je ne vois pas comment on peut y arriver quand on fait les choses à reculons. Comme le dit Wayne W. Dyer dans le pouvoir de l’intention, il faut faire comme si on y était déjà et les choses arriveront. Cela ne veut pas dire qu’il faille se comporter comme si on était un grand écrivain alors qu’on débute… l’humilité est, à mon sens, une qualité essentielle pour un écrivain. Mais l’humilité n’est pas synonyme d’auto-flagellation.

Je pense vraiment qu’il est bon d’être heureux d’écrire, j’en parle d’ailleurs dans mon article comment rester motivé dans son processus d’écriture ? L’écriture est une entreprise de longue haleine alors si elle vous rend heureux, transmettez ce bonheur aux autres avec simplicité.

Vous ouvrirez ainsi des portes chez les gens qui vous côtoieront, vous susciterez peut-être des vocations et surtout, cette attitude attirera à vous les bonnes personnes, celles qui vous accompagneront sur ce chemin.  J’en suis convaincue!

© Johanna Sebrien, 2021