Comment rester motivé.e quand on écrit?

Beaucoup de gens n’imaginent pas en quoi consiste réellement la vie d’un écrivain et le fait de s’engager dans un processus d’écriture. Lorsqu’ils commencent à écrire, ils débordent d’enthousiasme : les idées fusent, l’envie de coucher les mots sur le papier est là, la capacité à le faire aussi… Au fil du temps, ils se découragent pour des raisons multiples (difficultés à terminer un manuscrit, difficultés à naviguer dans le monde de l’édition, etc.) et peuvent finir par se dire qu’il vaut mieux tout arrêter, que le jeu n’en vaut pas vraiment la chandelle.

Je l’ai moi-même vécu et je constate toutes les semaines que je ne suis pas la seule en échangeant avec des personnes qui écrivent ou avec mes clients. Tout le monde passe par ces différentes phases.

Voilà pourquoi je souhaitais vous donner quelques conseils pour que vous puissiez rester motivé.e dans votre processus d’écriture et achever ce roman, cette nouvelle ou ce scénario qui sommeille en vous.

  1. Evitez de vous poser trop de questions sur ce que vous écrivez au moment où vous l’écrivez

Il y a des gens qui peuvent se perdre dans des interrogations sans fin et finalement, passer plus de temps à réfléchir qu’à agir. Je le dis très souvent : écrire est avant tout un travail qui demande de la discipline. C’est une habitude à prendre qui passe par le fait  de construire un cadre de travail accueillant, d’apprendre à concilier écriture et vie professionnelle et de neutraliser son gendarme intérieur, celui qui vous dit que ce que vous écrivez n’a pas de valeur ou qui vous fait vous interroger sur votre légitimité à écrire .

Evidemment, il ne s’agit pas de se dire que son premier jet est génial et peut être présenté à des maisons d’édition tel quel. Il faut être capable de porter un regard critique sur son texte, mais pas avant d’avoir accepté le fait que vous alliez écrire un premier jet imparfait.

💡 Pour écrire, il faut prendre l’habitude d’écrire, cesser de se poser des questions qui empêchent d’écrire et porter un regard critique sur son roman, son scénario ou sa nouvelle quand c’est le moment de le faire.

2. Evitez de trop penser aux bénéfices matériels ou symboliques que vous pourriez retirer de la parution de vos livres

Si vous écrivez et que vous vous intéressez au monde de l’édition, vous devez probablement savoir que la rémunération des auteur.e.s est assez faible (8%-10% en moyenne du prix public hors taxes pour chaque livre et ce, avant impôts). Pour très bien gagner sa vie en écrivant, il faut écrire un best-seller, c’est-à-dire, un livre qui se vend au moins à cinquante mille exemplaires et ce, de manière régulière… autant vous dire que ce n’est pas gagné d’avance. C’est la raison pour laquelle beaucoup d’écrivains ou de scénaristes continuent d’avoir un autre métier en dehors de l’écriture.

Si vous vous dites que le retour sur investissement n’est pas bon, si vous cherchez à obtenir un excellent rendement entre le temps consacré à l’écriture et la rémunération perçue, vous risquez d’être démotivé en très peu de temps.

Une œuvre se construit au fil des années. La reconnaissance d’un lectorat, des libraires ou de ses pairs se construit également avec le temps. Se focaliser là-dessus est une perte d’énergie considérable et une très grande source de démotivation.

💡 Ayez de l’ambition, visez le best-seller si vous le souhaitez mais ne vous démotivez pas si vous constatez que votre premier roman ne rencontre pas le succès que vous espériez. Cela viendra peut-être avec le temps. D’ici là, veillez à perfectionner vos compétences d’écrivain et à travailler régulièrement. C’est le seul chemin possible, j’en suis convaincue !

3. Prenez du plaisir à écrire

J’en arrive à ce qui est pour moi l’essentiel. Pour se lever chaque matin et écrire, même quelques mots, il faut prendre du plaisir à le faire. Si pour vous, l’écriture est une douleur permanente, d’une part, je ne suis pas certaine que cette douleur vienne de l’écriture en elle-même, mais surtout, je me demande pourquoi vous vous infligez cela.

L’éditeur David Meulemans parle souvent du plaisir de l’écriture et démonte cette idée bien ancrée que l’écriture serait forcément liée à la douleur (une vieille idée romantique, périmée à ses yeux). Je souscris totalement à cette idée que l’écriture devrait être avant tout un plaisir. Bien sûr, il y a toujours des moments ennuyeux, pénibles mais globalement, cela devrait rester un plaisir, un espace de liberté, un moment qui vous fait du bien. Sinon, cela me paraît difficile de rester motivé sur le long terme.

💡 Ecrivez ce qui vous fait du bien, écrivez sur ce qui vous passionne. Ecrivez les histoires que vous souhaitez, dans le genre que vous souhaitez. C’est le meilleur moyen, selon moi, de rester motivé quand on écrit.

© Johanna Sebrien, 2021